Recueil de poèmes : Ecume
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Derrière un rideau de brume
Aux rythmes lents et noirs où les vagues se posent
Traversent le brouillard. Bouleversent toutes choses
Dans tous les reflets gris de la Lune sur l’onde
Dans leur moire agonie, Et pas une seconde
Je ne suis et je vais pareille aux flots épars
Je traverse la vie. Je ne vais nulle part
Je vais sans y penser sous ce rideau de brume
Où les vagues sont nées avant que soit l’écume
Je vais sans y penser emportant pour seule âme
Le clapotis des flots, le sel de mes larmes
Romance de la Luna
Comme il se désagrège le temps entre tes bras
la beauté des arpèges. La flûte entre tes doigts
Le temps paraît perdu. Et comme un carillon
les notes apparues regagnent l’Oblivion
J’aimerai tant tenir, à cet éther,
ton âme
tu chantes et quelques pierres
se brisent dans les flammes
Odessa
Dans le désert où né l’estampe
Amer de tes cheveux mouillés
De tes yeux verts, parmis les hampes
Des fleurs que j’ai du oublier
Dans ce sable que seule tu
Fis disparaître d’un regard
Toi mon Amazonie perdue
Dis moi qu’il n’est jamais trop tard
Quand de mon squelette étendu
Dans l’ombre seule de ma mort
J’aimerai qu’un grain de vertu
Fasse une forêt de mon corps
Ressac
Le ciel était superbe et le sable étendu
Entre quelques brins d’herbe était mon absolu
Je regardais les vagues étreindre les bateaux
Étreindre les marins et les amours sans mot
La vie semblait enfin trouver parmi les flots
Ce rythme qui enfin peut vaincre les sanglots
Ta main traverse Léthé
Comme il s’oublie le temps où tu
Nous rejoignais près de la berge
Ces jours – que sont-ils devenus ?
Eux qui scellaient nos mains de grège
Qu’il me semble lointain, ce temps
Vaporeux, maintenant brouillard
Nous étions de ces oiseaux blancs
Dans les nuages qui s’égarent
Nous étions ; mais le vent surgi
A désuni ceux qui s’aimaient
Et m’a laissé cette asthénie
Je ne te reverrai jamais
Le jardin d’eider
Je compte ces étoiles qui comptent à tes yeux
Ces astres mis au monde peut-être par les Dieux
Parmi leur infini, abandonnée, sans bord
Il y a mon amie celle que tu adores
Moi qui n’y connais rien aux constellations
Mon visage ne sait rien de ton admiration
Ô perle des arondes j’aimerais tant parfois
Beauté parmi ce monde ; être un astre pour Toi
Mais je m’endors aux fleurs qui dorment sur la Terre
Toi seule les contemples, ces flammes passagères
Krill
Mon cœur est à ce point fragile
qu’il bat la mesure de tes cils
le frissonnement de tes lèvres
lorsque tu ris, lorsque tu rêves
il ne sait pas ne pas trembler
lorsqu’il essaie de te parler
le sanglotement qu’il expire
c’est sa façon à lui de dire
que si tout devait s’arrêter
c’était pour toi qu’il se battait.
Feu de braille
La vie passe et ne retient pas
le souvenir, le moindre de mes pas
la vie tourne et tout pour moi
me retient mais ne me retient pas
Un jour l’apprêt saura mourir
et je saurai me souvenir
Chavirer dans un flot de brume
des secondes en aimer, chacune
pour voir voler sous mes paupières
les papillons et les prières
dont nos espoirs déçus sont l’ambre
quand on n’a pu aimer la cendre
Corbeaux et goélands
Un orage quelques mers
Et quelques océans
Mon amour mes lumières
Sont comme le néant
Il pleut dans le désert
Des nues de sable blanc
Et des journées entières
Sont comme le néant
J’avance ou je me perds
Pareil aux dieux absents
Que je croie ou j’espère
C’est comme le néant
Un océan bleu clair
Où des rivièr’ de sang
Ta main ou la poussière
C’est comme le néant
Que je sois fait de chair
De rire ou d’océan
Je vais en mon empire
Ce n’est que le néant
Je suis ou je respire
Je rêv’. Je meurs. J’attends
Le sable se soulève
Ce n’est que le néant
Echouer
Ô comme il pleut, sous le ciel incessant
le vent encor du vent. Et les oiseaux absents
Dis moi pourquoi enfin, moi seule avec la pluie
Tournée vers ce linceul ; y trouve l’harmonie
Si je pouvais enfin mélanger dans mon coeur
Diluer aussi un peu, quelques mots du bonheur
Partie de ces atomes, partie de l’océan
Partie des fleurs sauvages et de ce sable blanc
Nulle part
Avant que tu ne disparaisses
Les vagues sur les bords ne cessent
De jouer les même caresses
Avant que tu ne disparaisses
J’en ai emprunté des trottoirs
Des ailleurs sur des quais de gare
Mais c’est toi qui restais le soir
Mon ailleurs et mon nulle part
Du bord et des rêves posthumes
Que comprend peut être l’écume
Les vagues rejouent leurs promesses
Avant que tu ne disparaisses
Bleu Clain
Que passent les mirages, les livres les comprennent
tant la lumière est vive lorsque la lune est pleine
quand la beauté sans nom, reflet de l’impalpable
creuse dans ma pensée et la remplit de sable
Alcôve
Ce mond’ subtil où les fragrances nues
De ce monde immobile par le vent parcouru
tombe et doucement vogue. Où je me pause
Où délicatement le corps nimbé de roses
Les pieds dans la poussière, la feuille sous mes doigts
Je sais. Ô lèvres fauves que ma lumière c’est toi
Eclipse de Terre
Ailleurs la vie est belle ; est belle à en mourir
Mais moi je suis loin d’elle. Je veux me souvenir
Des parfums océans, de la terre lourde est brune
Mais qu’y peut un enfant en larme sur la Lune
Entre cet univers et un autre
Au chant des courtilières et des engoulevents
j’ai laissé mes prières emportées par le vent
J’ai laissé le silence envelopper la cime
d’un arbre qui s’élève pour affronter l’abîme
J’ai donné aux étoiles et à la voie lactée
ce qui fut ma Raison ; à force de rêver
Sans que rien ne demeure
Sans que rien ne demeure
Ni ton amour pour moi
Ni le parfum des fleurs
Ni le faon qui aboie
Ni le charme ni l’heurt
De la rosée splendide
Sur le roseau qui pleure
Près du ruisseau languide
Tout paraît incertain
Etouffé dans la brume
Déjà dissous et vains
Si forts que nous fûmes
Art/mur
Il paraît que tu crois
qu’il faut tout retenir
du sable entre tes doigts
à ton dernier soupir
Que le regard porté
sur toi te définit
quel sens les joies des arbres
ont porté sur ta vie
quel sens le bruit des gens
t’ont dit des apparences
il n’y a que du vent
qui raisonne en silence
Il n’y avait que toi
partout où tu allais
si seulement parfois
ce silence te sauvait
Kender du andre måde at gøre det på?
C’est un vacarme un peu semblable
A ton silence qui parfois
Malgré nos vies. Impénétrable
S’étend et m’éloigne de toi
C’est un étang. Une eau sans sable
Obscure et troublante à la fois
Une onde noire interminable
S’étend et m’éloigne de toi
Mi-apare înainte
Que j’aimerais te dire la joue contre ta joue
Le même rien s’étire entre le monde et nous
Mais le monde n’a que faire d’un avenir taiseux
Et je marche et j’espère pouvoir revoir tes yeux
Chatsargana
Aujourd’hui seul le charme
Des frondaisons dehors
Du vent, toutes ces larmes
Que je voudrais encor
Disperse encor un peu
Cette illusion naïve
Qu’ont tous ces gens heureux
Car il suffit de vivre
Mais au fond de mes rêves
Où tout s’est fracassé
Où que le vent soulève
Le bois qui va crever
Je suis abandonnée
Comme à mon premier jour
Moi cet enfant donné
Comme il est moche et lourd
Le bois qui les retient
Ces frondaisons naïves
Que je regarde en vain
Car il suffit de vivre
L’usure des temps
Comprends-tu pourquoi
dans le grand livre noir
Quand il n’y a plus à lire
il n’y a plus d’espoir ?
Quand chaque mot est terne,
sans que rien ne ravive
Ton cœur alexandrin
Il n’y a plus à vivre
Quand le dernier poème
ne trouve plus ses mots
Quand le livre se ferme
Que même le chaos
Ne semble plus vouloir
Faire voler de sa plume
Qu’elle soit blanche ou noire
Notre ange de l’écume
Ocelle
De la couleur du ciel je ne me souviens pas
du parfum du réel je ne me souviens pas
Quelque part dans le ciel une étoile s’en va
mais qui se souvient d’ell’ ; car je n’existe pas
Ell’ fuit et moi je reste à contempler l’absence
au temps qui me morcelle ; esclave du silence