La floraison des fleurs d’automne
a la couleur des cœurs atones
et sous le chêne où je t’attends
le rouge saigne sur l’étang
personne ne vient s’extasier
personne ne vient la cueillir
la corolle est trop anémiée
pour y laisser un souvenir
La floraison des fleurs d’automne
a la couleur des cœurs atones
et sous le chêne où je t’attends
le rouge saigne sur l’étang
Poison est la fleur automnale
elle a la couleur maladive
et la corolle un peu trop pâle
Pour les journées un peu trop vives
Personne ne vient s’extasier
personne ne vient la cueillir
son amour est empoisonnée
personne ne veut la tenir
et les doigts blanc dans le matin
et les oies blanches qui s’envolent
la fleur d’automne et dans les mains
apollinaire et son alcool
sous le chêne
sans fin j’attends
petite fleur empoisonnée
mon propre corps qui a le sang
d’un mois d’octobre seriné
Poison est mon cœur automnal
Et sur l’horizon violacé
J’en oublierai les fleurs du mal
Dans la pâleur de mes pensées
La floraison des fleurs d’automne
a la couleur bien pâle et morne
de mon propre cœur qui t’attend
mais le tien est toujours absent
Alalie
Je sais le paradis
jeté sur la fadeur
Je sais quand tu souris
Quand je m’étends et pleure
Je sais cet halali
Cette douce lueur
Qu’étincelait ta vie
Que des morceaux de coeur
Semblaient encore sans bruit
Battre pour le bonheur
Je sais le paradis
le paradis qui meurt
Il est encor ici
Dans les bris de mon cœur
Rivertown
Je ne sais rien de toi
Il pleut depuis toujours
Un cri sur une croix
Est-ce cela, l’amour ?
Est-ce cela l’amour
Rien ne peut détacher
Cette illusion : toujours
De ceux qu’on a aimés
Malgré nos sacrifices
Et malgré nos erreurs
Toutes ces cicatrices
Que fait l’amour qui meurt
Nul ne peut refermer
Ce regard qui n’a plus
Malgré l’immensité
Que toi comme absolu
Lúinn
Je ne sais pas ce que veut dire
ce qui m’attriste désormais
un conte, un simple souvenir
m’éveille alors que je dormais
c’est une chanson sans parole
au bout de mes draps enfantins
un batelier sur sa gondole
et je me noie dans le lointain
Je suis les lattes du plafond
mais je rêve d’ennuager
mon esprit retenu au fond
dont je reste le passager
au fronton des roses enfuies
en ma délictueuse fièvre
s’en va, l’enfant que je suis
voir doucement couler ses rêves
Je ne sais pas ce que veut dire
ce qui m’attriste désormais
tout cependant que je crus vivre
ou cependant que je dormais
au fronton d’émaux enfouis
oscille au long de mes doigts d’hèmes
la paume au fond de la Nuit
l’onde violente d’un poème
ou le regard échu d’Erève
qui me contemple et me promet
que si je m’ouvre les rêves
je saurai bien que je dormais
Heitr
Vole pétale au vent dans la prairie déserte
traverse l’océan, traverse la tempête
et veille à revenir porter par ceux qui croient
qu’il reste un avenir aux fleurs dans le froid
Absoudre et se poser
Je regarde l’aube à tes yeux
pastels bleus et mandarine
et le cadavre silencieux
de la pénombre m’alarmine
les volutes grises ennoyées
les arbres grinçants, leur odeur
des chemins vont et sont baignés
par un parfum de promeneurs
tout cela tend à s’oublier
les chapelets de rosée pâles
et le sinistre sablier
de quelque épeire sur une étoile
tout cela tend à s’oublier
dans le halo blanc matinal
et dans l’oubli de l’araignée
qui a la clé de son étoile
Aube leste
Rien ne survit dans l’aube leste
pas un serpent, pas une épine
pas une forme qu’on déteste
pas une flamme qu’on destine
pas un écrin de pourriture
pas une graine de poison
las – pour hégémonique épure
ce qui nous reste de raison
pas un printemps, pas une tige
d’oyat entre nos yeux rêveurs
pas une étoile, pas un vertige
pas un ersatz de bonheur
pas un pépiement de mésange
pas un cheval à l’horizon
las – pour porphyrique mélange
ce qui nous reste de raison
rien ne survit quand l’eau te laisse
dans le magma ou l’aube meurt
quand la fumée du mot qui reste
est parfois rouge et sans couleur
là, personne ne pourrait te dire
ce qui tient à la pauvreté
des diamants et des saphirs
quand les étoiles t’ont rejeté
La mélancolie des coulées d’or
La cohésion d’un rêve dont le prisme se pose
une seconde brève aux sépales des roses
J’attends que le désert remplisse ma pensée
remplisse ces trottoirs, ces trains de l’insensé
remplisse tous ces vides d’un crissement semblable
à ces millions de vies évanouies dans le sable
Fleur de verre
Mais maintenant j’ai maintenu
Nos mains dans l’aimable poussière
Le vent et la vaste étendue
Sont les témoins de notre enfer
Du Nord il ne m’est rien venu.
Ni le calme ni la colère
Des autres il ne m’est rien venu.
Ni Dieu ni des amours sincères.
Sur l’horizon des larmes nues
semblent danser dans l’ambre claire
Je suis enfin cette inconnue.
Et c’est ton ombre qui m’enserre
Mais maintenant je n’ai plus d’air
Je n’ai plus rien qu’un monde absent
Depuis que tu n’es plus sur Terre
C’est comme un trou dans le néant